La peur de mourir peut frapper au moment où l’on s’y attend le moins. C’est ce qu’a vécu Bendalana, un père de sept enfants, victime de violence dans son village isolé d'Ankavandra, à l'ouest de Madagascar. Entre l’insécurité, l’état des…
J’avais prévu de travailler à la maison aujourd’hui. Et cela pour deux raisons : D’abord à cause des manifestations politiques prévues en ville. L’itinéraire pour se rendre à l’aéroport aurait été compliqué. Ensuite, pour respecter les consignes de distanciation sociale due à COVID-19.
Un itinéraire improbable
Vers 7h30, notre agent de bord m’a appelé pour me demander si je pouvais faire un vol d’évacuation sanitaire. Il s’agissait d’aller chercher un patient à Inongo. Cet endroit se trouve à 430 km au nord-est de Kinshasa. Le vol est de deux heures en Cessna 206. J’étais curieux de savoir combien de temps cela prendrait par « route ». Alors j’ai fait une recherche rapide sur Google Maps. La réponse est revenue : « Désolé, nous n’avons pas pu calculer un itinéraire de Kinshasa à Inongo ». En effet, pour se rendre à Inongo, vous pouvez prendre un bateau pour remonter le fleuve Congo. Ensuite, vous vous rendez à l’intérieur des terres par un de ses affluents jusqu’au lac Mai-Ndombe. Cela prendrait probablement au moins une semaine pour remonter le fleuve de Kinshasa à Inongo et peut-être 3 ou 4 jours pour revenir en aval d’Inongo à Kinshasa.
Dépasser les barrières
D’après ce que nous avons compris, le patient était inconscient en raison d’une hausse de sa tension artérielle pendant le week-end. Étant donné la restriction de déplacement imposée par l’état d’urgence sanitaire en vigueur, nous ne savions pas si nous obtiendrions les autorisations requises. D’ailleurs cette démarche prend généralement 3 à 4 jours. Mais à 9h30, il semblait que l’autorisation serait accordée. J’ai donc appelé l’aéroport pour que notre équipe prépare l’avion et le ravitaille en carburant. Pendant ce temps je me préparais à me rendre à l’aéroport.
L’autorisation a été accordée et j’ai décollé à 11h30. Nous avons pu aller chercher l’homme malade à Inongo et l’amener à Kinshasa pour qu’il y reçoive un traitement médical. Nous avons atterri à l’aéroport de Kinshasa Ndolo à 16h20 et l’ambulance a rejoints à l’avion pour emmener le patient à l’hôpital.
En ces temps de crise sanitaire majeure, l’avion reste plus que jamais un moyen important pour sauver des vies. Merci à tous ceux qui nous soutiennent.
Récit et photos : Emmanuel Mbodwam