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La Voie De La Paix
La Voie De La Paix

Pays d’une grande richesse culturelle et d’une grande beauté, le Tchad est aussi un pays menacé par l’instabilité et la violence résultants souvent de tensions religieuses. La MAF s’attache à soutenir la réconciliation et la paix entre les hommes, dans les zones de conflit. C’est une des raisons pour laquelle la MAF assure des vols réguliers pour les pasteurs de l’ENTENTE (Église Mission Évangélique), l’alliance des Églises Chrétiennes évangéliques du Tchad. Son service « Éthique, Paix et Justice » (EPJ) organise des séminaires dans le but de réunir les communautés musulmanes, catholiques et évangéliques. Spécialement conçus à l’attention des plus hautes autorités gouvernementales et communautaires, des responsables religieux, des femmes et des jeunes, ces séminaires sont l’occasion d’échanges concernant leurs différences et leurs points communs. Sont traitées également les stratégies non-violentes de gestion du conflit et les techniques de médiation.

Le 21 Janvier 2016, le pilote de la MAF Phil Henderson transporte le pasteur POTIFAR, responsable de l’ENTENTE, et Djidda MAHAMAT, un des principaux imams de la capitale N’Djamena pour assister à un séminaire qui s’est tenu à Am TIMAN. Principalement de langue arabe, Am TIMAN est une ville qui compte environ 50 000 habitants. Située à l’est du Tchad, elle sert de capitale à la région de Salamat qui partage une frontière avec la République Centre Africaine. Depuis le début de la crise du Darfour au Soudan dans les années 2000, l’est du Tchad a accueilli plus de 300 000 réfugiés et populations déplacées en provenance d’autres régions du Tchad. Une petite communauté de chrétiens qui existait déjà depuis des années à Am TIMAN a grandi grâce à ENTENTE. Aujourd’hui, elle est devenue une petite église en croissance dans le centre économique. Am TIMAN a traversé une période tumultueuse, et la question de l’identité religieuse a été à certaines occasions une source de conflit dans la ville.

Sam Baguma, responsable MAF au Tchad, a eu l’occasion de s’entretenir avec le pasteur POTIFAR et M.MAHATMA avant le décollage. Tous les deux étaient enthousiastes de faire partie de ce voyage, conscients de la signification de leur présence à ce séminaire en tant que responsables religieux tchadiens. A la question posée concernant le séminaire, le pasteur POTIFAR répond : « Nous sommes en train de créer des liens et d’ouvrir la voie de l’Évangile ». En effet, il semble que ce soit bien le cas. Au cours des échanges dans l’avion qui les amène à Am TIMAN, le pilote de la MAF Phil Henderson a appris qu’un des temps forts du séminaire, c’est quand les participants sont amenés à rechercher dans la Bible et le Coran les enseignements de Jésus et Mahomet concernant la paix. Phil est émerveillé d’entendre la réaction de l’imam après la session : « Les imams ont demandé pourquoi ils n’ont jamais été en contact avec aucun des enseignements de Jésus. Tout ce qu’ils savent c’est que Jésus est un Prophète respecté ».

L’ENTENTE a passé les 18 derniers mois sur la gestion des conflits inter confessionnels, en partenariat avec le Comité Central Mennonite. Leur action a été reconnue comme favorisant la paix entre les communautés religieuses tchadiennes. Artisans de paix indéniables, ils récoltent également les fruits des séminaires qui se sont tenus dans le pays. La demande pour étendre ces séminaires à tout le pays est en augmentation. Mark Tymm, le directeur adjoint du service Paix et Justice de l’ENTENTE qui co-anime les séminaires, souligne les défis à relever pour construire la paix au Tchad. Il explique qu’il y a de nombreuses idées fausses et des a priori dans les relations interconfessionnelles. Un des objectifs des séminaires est de mettre en lumière quelques-unes de ces idées fausses que les musulman et les chrétiens ont concernant leurs compatriotes tchadiens. Il explique le changement que les séminaires peuvent amener : « Le début de la semaine voit les participants s’asseoir les uns d’un côté de la pièce et les autres de l’autre. Cependant, au cours de la semaine, on les voit rire ensemble, blaguer ensemble, manger ensemble et partager des histoires. Le dernier jour, lors de travaux de groupe par région qui sont intensifs, les participants prennent le temps de faire émerger les idées sur la façon de travailler ensemble. Ils se consacrent également à mettre au point un plan stratégique pour apprendre le vivre ensemble et entretenir des relations plus saines et plus édifiantes entre communautés ».

Mark témoigne encore : « La transformation des relations suite à ces séminaires est sans doute l’une des choses les plus remarquables qu’il m’ait été données de voir au cours de mon séjour au Tchad. Des gens devenus ennemis suite à un enseignement fondamentaliste sont à même de voir au-delà de leurs différences et de s’asseoir à la même table pour parler du vivre-ensemble en paix et de l’édification de la communauté ». Il souligne également le rôle de la MAF dans ce travail de construction de la paix. Les pistes impraticables des vastes territoires du Tchad rendent la route pour se rendre au séminaire parfois longue et pénible. Mark a vécu un trajet épuisant de 17 heures pour traverser le Sahel, entassé à l’arrière d’un pick-up de taille moyenne avec trois autres hommes. Il parle du travail et du soutien de la MAF comme une « incroyable bénédiction », et se sent « très privilégié » de troquer ce trajet fatiguant, très long et dangereux contre un vol rapide et plus sûr : « Que nous partirons dans le sud, le nord ou les régions les plus à l’est de la région, voyager par avion sera toujours plus rapide, plus facile et de loin l’option la plus sûre ».

Même si cela risque de prendre du temps pour balayer les idées fausses et les a priori entre les musulmans et les chrétiens au Tchad, la MAF est cependant fière d’apporter son soutien à ces séminaires importants qui aident non seulement à amener la paix entre les religions mais également à ouvrir la voie pour une meilleure compréhension de l’Évangile au Tchad.

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