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Trajet Par La Route
Trajet Par La Route
Trajet Par La Route

Lorsqu’ils ne peuvent pas prendre l’avion, les personnes gravement malades doivent faire le trajet par la route. C’est très pénible et long pour atteindre l’hôpital. Ce récit montre ce qui se vit sur les pistes du Tchad.

Il est 18 heures et il fait nuit dehors. Nous venons de passer notre sixième point de contrôle sur le trajet vers la ville. La route goudronnée n’est pas trop loin. L’homme assis à l’arrière, coincé entre son parent et une infirmière, est toujours vivant. Et ceci malgré les huit dernières heures passées sur des routes difficiles. Bien qu’il ne le sache pas encore, il n’arrivera pas à l’hôpital avant les premières heures du jour.

Le commencement du trajet

Notre voyage a commencé vers 9h45 du matin. Nous sommes partis chercher un homme très malade pour le ramener à N’Djamena. Quand nous sommes arrivés chez lui, ses proches étaient tous rassemblés autour de lui. Ils pleuraient et chantaient des chansons tristes. En effet, ils savaient pas s’ils le reverraient un jour. Il était très malade depuis au moins un mois. Chacun s’attendait à ce qu’il meure, il y a déjà plusieurs semaines.

L’infirmière que nous avions emmenée avec nous avait fait plusieurs piqûres pour essayer de stabiliser son état pendant le voyage. Malgré cela, il était toujours incapable de se lever. Certains membres de sa famille l’ont donc aidé à se rendre jusqu’au véhicule. Plusieurs personnes ont pris place pour faire le trajet avec lui.

Trouver du carburant

Finalement, tout est prêt, mais tout le monde se presse autour du véhicule. Lentement, nous sortons et partons sur la piste de sable. Après environ une heure, nous nous arrêtons pour faire le plein. Comme le seul magasin de carburant du village est fermé, nous devons attendre que le commerçant sorte de chez lui et nous ouvre son magasin. Pendant que nous attendons, une autre personne apparaît dans l’espoir de faire le voyage avec nous. Tout le monde doit se serrer pour lui faire de la place. Pendant ce temps, l’horloge tourne pour notre patient.

Le plein de carburant est fait à partir de jerrycans, et nous repartons dans le désert. Deux heures et un arrêt aux toilettes (sans les toilettes) plus tard, nous nous arrêtons dans un plus grand village pour un repas rapide. Le patient ne peut pas sortir et fait une courte sieste pendant que nous mangeons. Ensuite, nous sortons du village et faisons un autre arrêt pour soigner le patient. Avec tous ces arrêts, nous savons que nous finirons le trajet de nuit.

Points de contrôle et retards

Quelques kilomètres plus loin, nous sommes arrêtés à un poste de contrôle militaire. En raison de l’activité récente des rebelles dans le pays, tout le monde fait l’objet d’un contrôle pour rechercher des armes. Après cela, nous sommes libérés pour continuer notre voyage. La route dans cette région n’est en fait qu’une collection de pistes de sable d’environ un kilomètre de large. Elles se séparent et se reconnectent continuellement. Nous essayons de choisir le meilleur chemin, mais parfois nous frappons un petit rebord ou un trou qui secoue tout le véhicule. D’autres fois, nous sommes ensablés dans le sable mou et nous devons utiliser les quatre roues motrices pour s’en sortir.

Nous arrivons enfin au village qui marque le début de la route goudronnée. Nous nous arrêtons pour déposer un jeune garçon, mais ses parents ne sont pas là. Alors nous attendons encore une demi-heure que quelqu’un arrive. Une fois sur la route asphaltée, nous poursuivons le trajet un peu plus rapidement. Mais il nous faut encore franchir d’autres barrages de police. Sur le chemin, nous croisons également plusieurs convois militaires et véhicules blindés qui reviennent à N’Djamena.

Hors piste et course contre la montre

Plus loin, on finit par quitter la route goudronnée car il y a tellement de nids-de-poule. Ironiquement, il est plus rapide de rouler sur le sable pendant la saison sèche. Alors que le soleil commence à se coucher, nous nous rendons compte que nous avons pris une mauvaise direction. Alors, nous nous arrêtons et demandons notre chemin à un homme qui conduit une charrette. Il nous assure que les deux routes convergeront bientôt, alors nous continuons.

À ce moment-là, il fait assez sombre, mais nous pouvons voir la route parce que les pistes de sable sont profondes. Au fur et à mesure que nous nous rapprochons de la ville, le sol devient plus dur Il devient facile de perdre les traces que nous suivons. Nous conduisons lentement et regardons attentivement, en utilisant le GPS. Si nous perdons le chemin, nous ne pourrons pas continuer, car il y a beaucoup d’obstacles près de la route.

La fin du trajet

Cette fois-ci, nous avons pu retrouver les traces. Le dernier voyage que nous avons fait, nous avons complètement perdu la route. Il a fallu deux heures avant de trouver enfin une autre route pour entrer dans la ville. Cette fois-ci, nous sommes arrêtés par une patrouille à la recherche de personnes qui apportent du bois dans la ville. Après avoir expliqué notre mission, nous passons ce point de contrôle pour arriver à un petit pont avec un autre point de contrôle de police.

Le patient est finalement arrivé à l’hôpital à 20 heures ce soir-là. La journée a été longue pour toutes les personnes concernées. Je suis sûr que tout le monde a été soulagé lorsqu’il a été hospitalisé en toute sécurité.

Une issue différente ?

J’aurais aimé qu’il y ait une meilleure fin à cette histoire. Mais malheureusement, le malade est décédé plus tard cette semaine-là. Le manque de soins et le long voyage par la route n’ont certainement pas contribué à augmenter ses chances de survie. L’un des médecins qui l’ont soigné par la suite a mentionné que  » les choses se seraient probablement passées différemment s’il avait été traité plus tôt ».

Une meilleure option aurait été de faire le trajet en avion. Mais sans piste d’atterrissage près du village, ce n’était pas possible. Avec le recul, je me demande si l’appui de la MAF auraient pu changer la fin de la vie de cet homme. Il est facile de voir le besoin d’un transport aérien fiable et abordable quand on sait l’impact qu’il peut avoir sur la vie des personnes.

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