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Urgence Médicale En PNG
Urgence Médicale En PNG
Urgence Médicale En PNG

Jasmine Puk travaille en tant que programmatrice de vol au Centre des opérations de la MAF à Mt Hagen. Au quotidien, elle s’occupe de tous les types de demandes de réservation. Elle répond aux questions, reçoit les demandes pour une urgence médicale, une évacuation, et participe ensuite à la coordination de l’évacuation des patients. Récemment, elle a eu l’occasion d’embarquer pour la première fois sur un vol d’évacuation sanitaire. Jasmine nous parle de ce vol, de la communauté villageoise, et livre sa réflexion personnelle.

Une première urgence médicale

J’avais l’habitude de coordonner les vols d’évacuation sanitaire. Mais je n’avais jamais pris part à un tel vol jusqu’à ce jour. Vers 13 h 45, on m’a demandé d’accompagner le pilote pour effectuer une évacuation pour une urgence médicale.

La patiente était une jeune femme de Pyarulama. Le village de Pyarulama est situé à 77 kilomètres de Mt Hagen, à l’est de Kompiam. La nuit précédente, les deux bras de la femme avaient été brisés, suite à des violences domestiques. Elle perdait beaucoup de sang et a perdu connaissance à trois reprises.

L’appel à l’aide

L’appel pour cette urgence médicale est arrivé vers 11 h 27. C’est ainsi qu’après plusieurs appels téléphoniques au centre des opérations, nous avons décidé d’envoyer un avion. En regardant les ressources disponibles, nous avions un avion, mais nous n’avions pas de pilote pour effectuer le vol. Nous avons examiné les options et celle qui est apparue possible, c’était d’appeler Mathias Glass. C’est le responsable de la sécurité de la MAF en PNG. En effet, il est aussi pilote.

Il se préparait pour une réunion de sécurité au moment où nous l’avons contacté.

Appelant : « Mathias, nous avons une patiente à Pyarulama qui doit être transportée par avion à Kompiam pour des soins médicaux supplémentaires. Serais-tu en mesure d’effectuer ce vol ? »

Le personnel des opérations savait qu’il avait une réunion, mais il lui a posé la question.

Mathias : « J’ai une réunion à venir, mais c’est bon, je peux désigner quelqu’un pour la diriger. Donnez-moi 20 minutes pour récupérer mon sac de pilote à la maison ».

20 minutes plus tard, le pilote était sur place et l’avion était tout préparé avec l’aide du personnel dévoué de la MAF.

Nous avons quitté Mt Hagen vers 13 h 45 et avons volé pendant 20 minutes jusqu’à Pyarulama. Le temps était magnifique, et le vol s’est déroulé sans encombre. Alors que nous descendions vers la piste, j’ai pu voir des gens courir de toutes parts en entendant l’avion.

Pyarulama est un village isolé de la province d’Enga. Il est entouré d’un terrain raide et accidenté. Et puis tout autour il y a des montagnes et des rivières au débit rapide. Le seul moyen de transport pour ces habitants est l’avion.

Arrivée à Pyarulama

Comme prévu, à l’arrivée, les bords de l’aire de stationnement étaient remplis de visages souriants.

La femme étant très faible, ils ont dû la porter jusqu’à la piste d’atterrissage. Mathias a rempli ses papiers pendant que les habitants plaçaient la patiente sur le brancard.

Alors que je me tenais là, un des villageois s’est approché de moi et m’a dit en tok pisin :

« La MAF est notre bouée de sauvetage. En effet, nous n’avons pas d’autre moyen de déplacement. La seule et unique option pour voyager pour nous c’est la MAF. Il y a d’autres avions qui atterrissent ici, mais ils ne font que du charter. Et puis nous n’avons pas assez d’argent pour nous permettre ces tarifs de charter ».

Je suis resté là à hocher la tête en signe d’accord sous mon masque. Il a poursuivi et m’a dit :

« Quand les gens qui se tenaient maintenant sur le côté de la piste d’atterrissage ont vu l’avion en approche, ils se sont réjouis et ont commencé à courir vers lui ».

Départ pour l’hôpital de Kompiam

 Avec l’aide de personnes du village, nous avons réussi à mettre la femme sur la civière et à la faire monter dans l’avion. Mathias a rempli ses papiers et nous étions de nouveau dans l’avion, prêts à partir pour Kompiam.

Réflexions personnelles

En regardant en arrière depuis le siège du copilote, j’ai vu la femme étendue là, toute sanglée. Elle était faible et me semblait presque sans vie. J’ai eu très mal au cœur. En effet, je n’arrive pas à imaginer la douleur qu’elle a endurée et les pensées qui lui traversent l’esprit. Voir une personne du même âge que ma petite sœur ou de trois ans plus jeune que moi gisant inconsciente est une toute autre douleur. Pyarulama étant un village isolé, j’ai l’impression qu’elle pensait qu’elle n’avait aucun espoir. Sa pensée devait être qu’elle pourrait mourir dans les trois ou quatre prochaines heures. En effet, elle avait perdu beaucoup de sang. Si j’étais elle, je penserais la même chose car il est très difficile pour les gens de porter un patient sur une civière. Et surtout de marcher des kilomètres sur un terrain accidenté et de traverser des rivières au débit rapide.

Pour effacer ces pensées, je me suis efforcé de lui sourire pendant que nous volions. Pour une femme ou une jeune fille, perdre une main dans un endroit aussi reculé signifierait que son foyer n’aurait plus de quoi manger. Si elle avait des enfants, ils n’auraient plus d’argent pour payer les frais de scolarité et autres besoins fondamentaux. La seule forme d’emploi dans un tel endroit est l’agriculture de subsistance. Je ne peux qu’imaginer qu’elle a dû ressentir des rayons d’espoir lorsqu’elle a entendu le moteur de l’avion.

Retour agité

Nous avons décollé pour Kompiam et Mathias m’a dit que le temps de vol serait de 12 minutes. Nous étions à deux minutes de notre destination et il y avait de fortes averses de pluie qui tombaient. La visibilité était très mauvaise. A ce moment-là, je ne pouvais pas voir les lignes de crête ou la montagne la plus proche. Pour être honnête, je paniquais, mais j’ai pris soin de ne pas le montrer. Les montagnes se trouvaient à quelques centaines de pieds en contrebas et j’essayais d’avoir une vue claire de ce qui m’attendait, mais la pluie me bloquait le chemin. C’était vraiment un moment où la foi l’emportait sur la peur pour moi. Mathias étant un pilote expérimenté, a piloté l’avion en douceur à travers les fortes averses et nous avons atterri en toute sécurité à Kompiam.

Nous avons fait une courte escale à Kompiam car la pluie allait recommencer dans les prochaines minutes. Dans l’avion, j’ai aidé à sortir la civière avec la femme. Les ambulanciers l’ont prise et l’ont placée dans leur véhicule qui était garée à proximité.

Dix minutes après nous étions de nouveau dans les airs pour Mt Hagen. Une fois que nous avons atterri, j’ai remercié Mathias d’avoir effectué ce vol pour cette urgence médicale. C’était vraiment un sauvetage et un soulagement pour la communauté de Pyarulama. Le vol d’une heure valait la peine de sauver une vie.

Merci à la MAF !

 Je profite de l’occasion pour remercier toutes les familles MAF du pays pour leur engagement et leurs efforts inlassables au service des Papouasiens isolés. Je remercie tout particulièrement les pilotes de la MAF et les familles expatriées de la MAF qui ont quitté le confort de leur foyer pour servir mon peuple.

Récit : Jasmine Puk

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