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Stuart King

En souvenir de Stuart KING

Stuart fut l’un des cofondateurs et des pionniers de la MAF

Il nous a quitté le 29 août 2020.

Cofondateur de la Mission Aviation Fellowship, l’ancien lieutenant d’aviation de la RAF et vétéran du débarquement de Normandie, Stuart King, est décédé à 98 ans. Il a été l’un des premiers pionniers à emmener des avions légers dans les régions les plus reculées d’Afrique. C’était au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Stuart King ou l’engagement durable

Hautement qualifié, tenace et dévoué à l’aide des personnes dans le besoin, Stuart a consacré sa vie pour atteindre les personnes les plus isolées et les plus oubliées en utilisant l’aviation et la technologie. Cette vision est devenue la Mission Aviation Fellowship (MAF). C’est une organisation humanitaire chrétienne internationale. Et c’est aussi la plus grande compagnie aérienne humanitaire au monde.

Stuart King

En tant que mécanicien avion pendant la Seconde Guerre mondiale et à la fin de sa carrière dans la RAF, en tant que directeur technique de la RAF à Duxford, Stuart King a nourri un désir croissant pour utiliser les avions pour faire le bien. Il a contribué à la naissance de la MAF en 1945.

Frappé par l’isolement de milliers de personnes vivant derrière des barrières physiques et économiques, Stuart King, ainsi qu’une poignée de membres de la RAF, a entrepris de découvrir l’étendue de leurs besoins. Sa détermination et son sens de l’aventure l’ont conduit à effectuer un vol de reconnaissance à travers l’Afrique centrale et orientale en 1948. Ce fut une mission pionnière qui a façonné l’avenir de Stuart et a ouvert la voie à l’aviation humanitaire.

Un pionnier au grand cœur

Rassemblant des fonds pour un premier avion de la MAF (un Miles Gemini) auprès d’une poignée de pilotes et d’amis, Stuart et l’ancien chef d’escadron de la RAF Jack Hemmings ont entamé un vol de reconnaissance de six mois. Il s’agissait d’évaluer si les avions pouvaient aider le travail des missionnaires humanitaires disséminés à travers l’Afrique. Avec à peine plus qu’une carte, une boussole et l’expérience de la RAF en temps de guerre, le binôme intrépide a tracé une route à travers la Libye, l’Égypte, le Soudan, le Kenya et le Congo belge, en utilisant le Nil comme guide.

En découvrant un terrain dangereux et des besoins inimaginables, Stuart et Jack ont établi des liens avec la communauté des missionnaires. Ils ont ainsi découvert que, dans de nombreux endroits, la seule façon d’apporter une aide pour transformer la vie à ceux qui vivent dans des zones reculées, était de construire des pistes d’atterrissage.

Stuart KingStuart King à gauche avec Jack Hemmings

Avec l’aide d’avions légers, le transport d’urgence, le personnel missionnaire et l’équipement médical pouvaient tous être acheminés de manière sûre et efficace. Ceci permettait d’éviter de nombreux jours de voyage par des routes dangereuses ou inexistantes. Ce fut l’aventure d’une vie. Une aventure que Stuart et Jack embrassèrent avec une détermination sans faille et une bonne dose d’humour.

Des épreuves à surmonter

Un jour, leur fidèle Gemini s’élevait lentement à travers les vallées montantes des contreforts du Burundi. Il luttait pour atteindre une altitude de 8 500 pieds afin de se dégager des montagnes devant eux. Mais alors qu’ils s’approchaient du plus haut sommet, un fort vent contraire les a entraînés vers le bas. C’est ainsi qu’ils ont malheureusement rencontré un bananier dans leur descente ! C’est un miracle que les deux hommes aient survécu, alors que le Gemini était détruit.

Stuart King  a dépeint leurs premiers périls avec un sens artistique. Il notait : « Parfois, nous ne savions pas vraiment où nous étions ! ». Ils avaient perdu l’avion mais continuaient le voyage par voie terrestre. Voyant maintenant à quel point cette méthode de voyage était difficile, ils sont devenus plus passionnés que jamais par leur mission d’aider les laissés-pour-compte.

Stuart King

Toute cette entreprise n’est pas venue sans un fort sentiment d’appel. En effet, la foi chrétienne inébranlable de Stuart l’a conduit à risquer sa vie à de nombreuses reprises. Et ceci dans le seul but d’exposer les besoins de certaines des communautés les plus isolées du monde.

La famille de Stuart King

Stuart a rencontré sa femme Phyllis qui était une missionnaire travaillant au Soudan en 1951. Il a évoqué le souvenir de leur première romance et de leurs aventures en tant que jeunes parents dans son livre « Hope Has Wings » (L’espoir a des ailes). Il raconte, révélant une détermination créative, humoristique et extraordinaire :

« Après une brève lune de miel, nous avons emménagé dans une chambre au siège de la SIM. Le plan était de réviser l’avion (un De Haviland Rapid) à l’aéroport de Khartoum au Soudan. Notre chambre devait servir de bureau pour la MAF. Phyllis a rapidement pris en charge les comptes, payant les factures et tapant d’innombrables lettres. Celles-ci étaient envoyées à Londres, au gouvernement soudanais et aux missions. Elle a également commandé des pièces de rechange pour l’avion. Certaines d’entre elles devaient être stockées dans notre chambre. C’est ainsi que nous avons même gardé une hélice sous le lit !

Le retour de la famille de Londres en Afrique s’est avéré un vol épique. Il a duré 12 jours et 5 000 miles de vol. Nous nous sommes arrêtés dans de nombreux endroits bizarres et excentriques le long de la côte ouest africaine. Nous avons passé des nuits dans d’étranges hôtels ou de petites maisons de repos. Nous lavions les couches des enfants la nuit. Le lendemain, nous les étalions sur nos genoux pendant le vol, en allumant l’air chaud de la cabine pour accélérer le séchage ».

Stuart King

En 1980, Stuart King a vu la MAF acheter six avions Cessna. Il a participé à la prospection au Kenya, en Éthiopie, au Tchad et en Tanzanie pour lancer les cinq premières bases africaines de la MAF. Alors que sa jeune famille grandissait, Stuart et Phyllis s’habituèrent à des mois de séparation et à l’attente délicieuse d’une correspondance par télégramme.

Témoin du développement de la MAF

Au fur et à mesure que le MAF se développait, des tribus isolées, cachées dans des montagnes, des forêts inaccessibles ou des marécages proches, se faisaient lentement connaître du monde extérieur. Un nombre croissant de pilotes expérimentés et croyants ont répondu à l’appel et se sont joints à la vision. Ils ont augmenté des capacités et l’impact de la MAF.

Malgré les troubles politiques, l’hostilité et les changements rapides en Afrique, l’organisation que Stuart a contribué à fonder a continué à se développer pour répondre aux besoins croissants dans le monde entier. Avec des bases en Ouganda, à Madagascar et en Mongolie, la flotte est passée à 30 avions au début des années 1990. Stuart était retourné au Royaume-Uni pour diriger les opérations de la MAF à Folkestone, dans le Kent, et sensibiliser à sa cause.

Stuart King

Avec l’évolution des demandes et des technologies, la MAF est devenue un atout inestimable lorsque sont survenues des catastrophes. En apportant de l’aide aux réfugiés et en aidant les gouvernements et les ONG à réagir aux ouragans, aux tremblements de terre, aux famines et aux cyclones, la MAF était devenue, au tournant du siècle, un leader dans le domaine de l’aviation humanitaire et un expert en matière de réponse aux catastrophes.

75 ans plus tard

Aujourd’hui, la MAF exploite 138 avions de brousse spécialement construits à cet effet. Elle emploie plus de 1 300 personnes – dont 1 000 locaux – et collabore avec plus de 2 000 organisations humanitaires, dont les Nations unies, l’UNICEF, l’Organisation mondiale de la santé, la Croix-Rouge, Medair, Tearfund et Samaritan’s Purse.

Depuis 75 ans, Stuart est au cœur d’une organisation qui a grandi et s’est développée au-delà de ses rêves les plus fous. Depuis la première prospection de 1948, la MAF a maintenu sa vision fondatrice d’utiliser l’aviation et la technologie pour fournir une aide humanitaire en tant qu’organisation caritative chrétienne à but non lucratif.

Stuart King s’est engagé à collecter ses propres fonds et a vécu grâce au soutien financier d’églises et de particuliers de 1945 à 1986. C’est à cette date qu’il a passé le relais à un nouveau directeur général. Il a ensuite pris un congé sabbatique de six mois avec sa femme Phyllis. C’était une femme à laquelle il était très dévoué et qui n’était jamais loin de lui. Malheureusement, Phyllis est décédée subitement en 2003.

Un pionnier infatigable

En 2016, Stuart a été honoré par le gouvernement français pour son travail lors du débarquement de Normandie. Il a été nommé Chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur pour son « engagement militaire reconnu et […] sa participation inébranlable à la libération de la France pendant la Seconde Guerre mondiale« .

En 2019, le nom de Stuart King a été ajouté à la liste des hommes et des femmes inspirants qui ont utilisé l’aviation pour écrire l’histoire. Il a reçu le prix d’honneur de la Honourable Company of Air Pilots pour sa contribution exceptionnelle et durable à l’aviation.

De la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à sa mort, Stuart est resté profondément engagé dans la MAF. Il a été directeur général de la MAF en Grande Bretagne entre 1970 et 1985. Il en est devenu président émérite en 1987. Après des débuts modestes et difficiles dans la Grande-Bretagne de l’après-guerre, la MAF dessert aujourd’hui plus de 1 400 sites éloignés dans 26 pays en développement, soit plus de destinations que toute autre compagnie aérienne au monde.

Stuart laisse derrière lui trois enfants, sept petits-enfants et six arrière-petits-enfants, qui le décrivent tous comme un personnage vraiment inspirant.

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