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Pneu Crevé
Pneu Crevé
Pneu Crevé

En tant que nouveau pilote pour la MAF Tanzanie, j’ai pu aller pour la première fois dans le village de Gorimba. J’ai été profondément touché. Des centaines de mères entassées dans une file d’attente qui menait à une petite salle. Dans celle-ci, une infirmière tanzanienne et moi étions assis pour remplir des documents (en swahili). Ensuite, ces femmes et leurs enfants pouvaient être examinés par les infirmières et les médecins. La sueur coulait sur leur visage pendant qu’elles tenaient leurs bébés sous le soleil. Et cela pouvait durer des heures avant que ce ne soit leur tour. Elles avaient déjà parcouru la brousse poussiéreuse de Tanzanie pour arriver jusqu’ici. La poussière, les saisons sèches, le dur labeur manuel et la lutte pour survivre et élever une famille. La vie est dure dans les villages reculés.

Pneu crevé

Un mois s’était écoulé depuis cette première expérience, et nous avions programmé un vol pour une autre clinique à Gorimba. J’attendais avec impatience ma deuxième visite. Mais l’inattendu est arrivé. Le soir avant le départ, nous avions un pneu de la roue avant crevé. A ce moment-là, nous étions dans le village isolé d’Endanyawish. Après une inspection plus poussée du pneu, nous avons constaté que la valve s’était cassée. En un instant, mon impatience d’aller à Gorimba a été brisée et remplacée par une autre émotion. Un sentiment d’échec. Quelque chose d’aussi simple qu’une valve de pneu cassée nous coûterait six heures de trajet en Landcruiser pour retourner à Haydom. De plus, nous devions envoyer un autre pilote pour récupérer une nouvelle roue et un nouveau mécanicien à Dodoma. En effet, c’est là-bas que se trouve notre centre de maintenance. Six heures de vol et une journée entière gaspillées.

Tournée médicale annulée

Mais plus important encore, la visite à la clinique de Gorimba a dû être annulée. N’ayant aucun moyen d’être contactées, les femmes et les enfants faisaient une longue marche dans la brousse pour arriver à la clinique. Certaines, enceintes ou portant un enfant, se lèveront à 2 heures du matin pour arriver 6 heures plus tard. Mais aujourd’hui, toutes ces femmes et tous ces enfants n’arriveraient que pour être déçus. Nous ne venions pas cette fois-ci. Et nous ne pouvions pas revenir avant un mois.

La déception semble leur rendre visite régulièrement. Il n’y a pas dix ans à peine, plus de 10 % des enfants n’atteignaient pas l’âge de cinq ans et 18 % des femmes mouraient pendant l’accouchement. Grâce au travail de tant de personnes, cela change lentement. Je suppose que de cette façon, nous n’avons pas l’impression d’échouer.

La compassion pour continuer à agir

Nous n’échouons pas parce que je fais partie d’une équipe de neuf personnes venant du monde entier : Tanzanie, Angleterre, Afrique du Sud, Finlande et Amérique. Nous avons quitté nos familles et les pays que nous aimons pour servir Dieu et les habitants de ces villages reculés. Et pourquoi ? Parce qu’on se soucient d’eux. La mort inutile d’un enfant ou d’une mère en couches n’est pas acceptable. Il ne faut pas l’ignorer. Si nous n’agissons pas, qui le fera ? Je dois, même d’une façon modeste, apporter l’amour de Dieu et leur montrer que nous nous soucions d’eux. Même si les situations semblent désespérées. Tant de choses de ce monde sont brisées, mais l’amour de Dieu va au-delà de la casse. Même au-delà d’une valve de pneu cassée.

 – Récit de Jacob Geyman –

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