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Le vol de 30 minutes vers Bor suit le cours du Nil en se dirigeant vers le nord depuis Juba, la capitale du Sud Soudan. Nos passagers sont aujourd’hui les docteurs Anil et Shalini Cherian. Ils sont pédiatre et gynécologue obstétricien. Leur organisation « Christian Healthcare Initiatives », est une ONG sud-soudanaise. Elle a un centre de formation dans la ville qui a fermé ses portes en mars à cause du COVID. Incapables de dispenser une formation pour des soins, les Cherians se sont rendus à Juba pour des réunions et un repos bien mérité. Leur champ d’action s’est élargi au cours des derniers mois. Leurs « initiatives » se sont multipliées face à l’augmentation des besoins.
Repartir de zéro pour apporter des soins médicaux
Depuis le hublot de l’avion, Anil indique les camps de bétail isolés le long de la route et les troupeaux. En dessous de nous, la pluie qui a retardé le départ de l’avion de l’aéroport international de Juba ce matin, a probablement transformé les pistes en torrents de boue.
Anil raconte comment, à leur arrivée en 2012, ils ont parcouru tout le pays pour étudier les besoins en soins médicaux et autres. Outre le manque évident de soins médicaux, le plus grand problème qu’ils ont identifié est l’aide apportée sur le court terme. Les ONG internationales, qui interviennent partout, le font sur le court terme. Aucune n’est là pour durer.
Fortes de cette constatation, ils ont créé une ONG enregistrée au Sud-Soudan. Son objectif est de renforcer les capacités du système de santé du pays. En 2014, avant qu’ils ne puissent mettre en place leur programme de formation de personnel de santé, de sages-femmes, le conflit a repris à Bor. Pour autant, les Cherians ne se sont pas découragés. En effet, ils ont délocalisé leur formation en Ouganda. Ils ne sont retournés à Bor qu’en 2018, une fois que la sécurité s’est améliorée.
Prendre l’initiative pour soigner
Anil et Shalini se sont rendus à Juba pour discuter avec le ministère de la santé et la Task-Force nationale sur le Covid-19. Leur but était d’obtenir l’équipement nécessaire pour commencer les tests Covid-19 à Bor. Anil pense que le Covid est déjà arrivé dans la capitale régionale. Mais, sans tests, il est impossible de le confirmer.
« Nous devons y retourner parce que nous venons de mettre en place une unité Covid-19 à l’hôpital de l’état », explique-t-il. « C’est une unité sous tente. En effet, nous espérons pouvoir accueillir jusqu’à 30 patients. Cette unité a été mise en place par la MINUS en collaboration avec l’UNICEF. Nous devons donc y retourner pour commencer à former l’équipe, préparer les soins ».
Plutôt que d’attendre que les ressources soient fournies par les canaux officiels, les Cherians ont pris l’initiative de commander des EPI (équipements de protection individuels) en Chine. Ceux-ci seront acheminés par avion de la MAF jusqu’à Bor, dès leur arrivée à Juba. Ils se sont également procuré des respirateurs, indispensables au traitement des patients atteints du Covid.
Des routes accidentées et de fréquentes inondations
Les pilotes Tobias et Chris effectuent un atterrissage en douceur sur la piste bien entretenue. Il leur faut 20 minutes pour parcourir 5 km jusqu’à l’hôpital. C’est presque aussi long que le vol de 30 minutes depuis Juba à 200 km de là. L’état des routes est aujourd’hui satisfaisant selon les Cherian. « Même si à l’arrière du Land Cruiser, on ressent toutes les bosses ». dit Tobias en riant. Cela vous fait réaliser à quel point les voyages par voie terrestre sont difficiles. Surtout pendant la saison des pluies.
En plus des nids de poule géants, les obstacles sur la route sont les chèvres et le bétail qui ont clairement la priorité. Vous pouvez klaxonner autant que vous voulez. Ils ne bougeront pas et les bergers ne les chassent pas. « Pour leur village, le bétail est tout ce qui compte », explique Tobias.
La Formation aux soins
L’Institut national des sciences de la santé, adjacent à l’hôpital d’État de Bor, a été conçu comme une clinique. La zone d’attente des patients au centre du bâtiment a été transformée en salle de conférence. Une bibliothèque, une salle de traitement et d’autres bureaux sont tous situés à l’extérieur de cette zone centrale.
« Nous sommes là depuis novembre 2018, date à laquelle nous avons redémarré l’institut de Bor », explique Anil. « Nous avons initialement accueilli 35 étudiants, tous venus de différents endroits. Nous avons 35 autres étudiants cette année ».
« Il s’agit d’un programme de formation initiale de trois ans, qui leur permet d’obtenir un diplôme », explique Anil.
On montre aux pilotes la salle de triage où les étudiants mettent en pratique ce qu’ils ont appris en utilisant des mannequins.
Ambassadeurs de la santé
Alors qu’ils continuent, Anil explique la raison pour laquelle les salles et la salle de conférence sont vides. En effet, leurs étudiants sont tous en ville, dans différents quartiers, et mettent en pratique ce qu’ils ont appris.
« En mars, lorsque nous avons dû mettre fin à la formation, il n’y a pas eu beaucoup de réaction face au Covid, même au niveau de l’État », explique-t-il. « Il a fallu beaucoup de temps pour que la task-force de l’État se mette en place. Nous avons donc essayé de motiver nos étudiants à former un groupe appelé « les ambassadeurs de la santé ». C’était leur propre initiative », dit-il fièrement.
« Ils couvrent environ cinq quartiers, soit une population d’environ 20 000 personnes. Et leur action porte sur l’éducation et la sensibilisation à la maladie du Covid ».
« Nous avons écrit quelques chansons dans la langue locale pour enseigner aux gens la distanciation sociale et le lavage des mains » explique-t-il.
Les communautés vulnérables
Mme Shalini explique que pour les ambassadeurs de la santé, le fait d’être présents dans la ville leur a permis de répondre à d’autres besoins. Nous aidons 200 familles vulnérables en leur fournissant de la nourriture.
Il s’agit principalement de familles monoparentales et de personnes handicapées.
La nourriture préemballée était déjà à Bor. C’est une nourriture sèche emballée. Il suffit donc d’ajouter de l’eau et de la faire cuire. Il y a des légumes secs et du soja. Toutes les vitamines et les minéraux dont vous avez besoin pour rester en bonne santé !
Apporter plus que des colis
C’est formidable de voir un partenaire à l’œuvre et de constater les résultats de son action. Mais aussi le petit rôle joué par la MAF. Notamment en permettant à des organisations comme CHI de former des étudiants et d’aider les familles à distribuer de la nourriture.
Les colis que nous transportons ainsi que les personnes, nous ne connaissons pas toujours leur histoire. C’est très encourageant de voir comment des gens, comme les Cherians, apportent des changements positifs aux gens d’ici. Au bout du compte, ce sont les partenaires sur le terrain qui font la différence.
Récit et photos Tobias Meyer and Chris Ball