Malgré le coronavirus, les montagnes et les moussons, la construction de la piste d’atterrissage de Lailenpi dans l’État de Chin, au Myanmar, est presque terminée. Après sept ans de travaux, un extraordinaire exploit de génie civil aéronautique devrait être achevé en février 2021. Alors que la saison des pluies se termine et que la construction reprend, nous vous présentons les derniers développements.
Lailenpi se situe près de la frontière indienne montagneuse, à trois jours de voyage de la ville la plus proche de Bagan. La future piste d’atterrissage est à 1 370 m d’altitude. De fait cela n’allait pas être un chanrier. Avec sept mois de pluies torrentielles et une pandémie qui limite la circulation des biens, des personnes, la MAF doit faire face à de nouveaux défis.
Il est difficile de s’approvisionner en dynamite pendant la Covid-19
Comme il n’y a pratiquement pas de terrain plat pour construire une piste d’atterrissage, le choix s’est porté sur un sommet et plusieurs vallées. Ils ont été déblayés et comblés pour permettre la construction de la piste. Le projet implique le déplacement de plus de 300 000 mètres cubes de terre, soit environ 30 000 chargements de camions.
L’excavation est terminée à 92 %, mais les 8 % restants sont constitués d’un substratum rocheux extrêmement dur. Il ne peut être enlevé qu’à l’aide d’explosifs ou d’un brise-roche spécial fixé à l’excavateur. Il s’est avéré extrêmement difficile de se procurer la dynamite pendant le confinement national.
La production de pierre pour le revêtement de la piste est terminée à 92 %. En effet, il a été exploité localement. Lorsque le temps sera redevenu plus sec et que les poids lourds pourront circuler en toute sécurité, le reste des pierres sera livré.
Les travaux de pavage sont bien avancés. La pose du gravier et le pavage sont terminés à 43 %. Les travaux reprendront en novembre ou décembre, sous réserve de l’enlèvement de la roche de fond qui bloque la piste. D’ici là, des barrières ont été mises en place pour empêcher la circulation sur les surfaces pavées.
Le site de Lailenpi a été touché par 60 cm de pluie
Le mois de juillet a vu tomber 60 cm de pluie pendant la mousson. Mais un bon système de drainage sur place a rapidement permis d’évacuer le déluge. Les murs de soutènement ne présentent aucun signe de fissuration.
Les pluies de la mousson transforment les routes montagneuses de Lailenpi en dangereuses coulées de boue. De fait la ville devient totalement isolées du reste du pays.
Pour ceux qui ne sont pas effrayés par les conditions de conduite dangereuses, la moto est un mode de transport populaire. Bien entendu les motos ne conviennent pas au transport d’objets volumineux ou à l’évacuation médicale des patients.
Il est également courant que les motos traversent des ponts à câbles pour traverser des cours d’eau. Mais on sait aussi qu’ils s’effondrent. Sans l’utilisation de ces ponts pour les faire passer de l’autre côté, les trajets sont rallongés de plusieurs jours.
Risquer une route glissante peut mener à la mort
Ceux qui osent se déplacer en voiture pendant la saison des pluies risquent de s’enliser. Et ils font fréquemment appel aux services de grues pour les sortir de la boue. En plus, les voyageurs doivent également tenir compte des nuitées imprévues pendant que leur voiture est dépannée.
Malgré tout ils sont chanceux Pour d’autres, leurs véhicules quittent accidentellement les routes étroites pour dévaler des pentes abruptes. Ce qui entraîne généralement la mort.
Le vice-président du Myanmar, Henry Van Thio, avait prévu de se rendre sur le site de Lailenpi en août. Mais son véhicule n’a pu aller que jusqu’à Rezua. En effet, la route entre Rezua et Lailenpi était impraticable.
Être ainsi coupé du monde met en danger la vie et les moyens de subsistance des gens ordinaires. C’est pour cela que la piste d’atterrissage de Lailenpi permettra une meilleure connexion avec le reste du Myanmar. Et ceci, quel que soit la saison.
Selon Dave Fyock, Directeur exécutif de MAF International, la communauté locale soutient pleinement le projet et est enthousiaste quant à l’avenir :
« La ville de Lailenpi veut désespérément que nous soyons ici. La population s’est engagée à collaborer avec la MAF et participe à la construction de cette piste d’atterrissage.
Ils prient pour sa réussite et pour les avantages qu’elle apportera à leur communauté. Les bénéfices atteindront en fait le reste de la population de l’État de Chin et au-delà ».
Créer un environnement durable
Les terrains situés à proximité immédiate de la piste d’atterrissage joueront également un rôle important pour l’avenir de la communauté.
La ville de Lailenpi et les leaders de la société civile ont uni leurs forces pour former le Comité de protection de l’environnement de la piste d’atterrissage (AEPC). Ensemble, ils exploiteront les terres autour de la piste d’atterrissage. Ceci générera des revenus pour : D’une part, améliorer les moyens de subsistance locaux. Et d’autre part pour répondre aux catastrophes naturelles locales, qui sont courantes pendant la mousson.
45 hectares autour de la piste d’atterrissage ont été divisés pour cultiver du café, du thé, des noix de macadamia. Mais aussi toute une gamme de fruits et de fleurs ainsi que diverses herbes. Cela permet de lutter contre l’érosion et de conserver les sols.
L’AEPC travaille avec des volontaires de la communauté pour faire de ce projet environnemental un succès. À ce jour, 95 % des plants ont pris racine et sont en pleine croissance. C’est la première entreprise de ce genre pour les habitants de Lailenpi.
Au service des personnes les plus isolées du Myanmar
Une fois les travaux terminés, la piste de 740 m servira à de petits avions légers pouvant transporter jusqu’à dix passagers.
Les 4 000 habitants de Lailenpi n’auront plus à effectuer un difficile trajet de deux jours pour se rendre à l’aéroport le plus proche. Ils n’auront plus à faire trois jours de voyage pour atteindre l’hôpital le plus proche. Par avion, ils auront accès à un traitement médical en 45 minutes seulement.
La nouvelle piste d’atterrissage de Lailenpi et les projets associés transformeront la vie de ces personnes oubliées dans l’État de Chin. Elles sont parmi les plus démunies du Myanmar (Source : Banque mondiale).