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Survie De Mélanie
Survie De Mélanie
Survie De Mélanie

Mélanie est une femme forte, elle a souffert de quelque chose qui est beaucoup plus fréquent qu’on ne le pense. Elle vit dans un village très isolé et elle est enceinte, mais son enfant n’est pas arrivé à terme. Une situation peu surprenante quand on la rencontre dans un pays développé. La chance de survie était faible pour Mélanie quand elle n’a pas été en mesure de donner naissance à l’enfant.

Nous avons reçu un appel le lundi soir, le 18 Avril, d’un village éloigné, nous disant qu’une femme était arrivée et que son bébé était mort dans l’utérus il y a plus de 3 jours. Elle était très faible. Après avoir reçu l’appel et s’être rendu compte que sans une intervention chirurgicale immédiate, il n’y aurait pas d’espoir de survie pour Mélanie, nous avons commencé à organiser une évacuation sanitaire. Ceci n’est en soi pas une tâche simple. Il faut d’abord essayer de joindre un médecin disposé à nous accompagner dans l’avion pour aider à ramener le patient. À ce stade, il est nécessaire de trouver une équipe médicale prête à prendre le patient en charge à l’hôpital et généralement aussi payer les frais médicaux qui vont suivre et prendre en charge le retour dans son village. Tout cela devait être fait après 19 heures, le lundi soir, afin de pouvoir décoller dès le lever du soleil pour aller chercher la patiente, seul moyen de survie pour elle. Inutile de dire que mon niveau de stress a augmenté légèrement en sachant ce qui m’attendait dans les prochaines heures.

Le premier médecin qui m’est venu à l’esprit était Jonathan Lee. Un médecin coréen et un ami qui a souvent travaillé avec nous. Il a répondu tout de suite et quand j’ai expliqué la situation, il a été prêt à laisser tomber ce qu’il avait prévu pour organiser son équipe. J’ai poussé un soupir de soulagement en sachant que, avec un seul appel téléphonique, je pourrai commencer à travailler sur les documents de vol au lieu de continuer à essayer de trouver un médecin. Le docteur Lee m’a rappelé pour savoir s’il était possible d’opérer la patiente dans une ville plus proche de son village, en y amenant son équipe médicale. Cela n’a jamais traversé mon esprit ! Vous voyez, à Madagascar, de nombreuses petites cliniques ont été construites autour de l’île, mais elles n’ont tout simplement pas de personnel. Soalala était un tel endroit. Une salle d’opération magnifiquement construite et équipée sans un chirurgien.

Je préparais le vol et nous avons décollé avec l’équipe médicale à 6 heures du matin le lendemain. Une heure et 30 minutes plus tard, nous avons rejoint, par un chemin cahotant, l’hôpital où Mélanie attendait déjà. Une heure après l’atterrissage, elle était en salle d’opération. Si elle avait été transportée dans la capitale, il est peu probable qu’elle aurait pu être opérée ce soir-là, à cause de toutes les procédures et formalités administratives. Selon le chirurgien, la chance de survie après un tel vol était faible.

Après une intervention chirurgicale difficile de 2 heures et demi, Mélanie était dans la salle de réveil. Quand j’ai regardé les médecins, il était clair que c’était un cas très compliqué en raison du temps passé depuis le décès du bébé.

Alors que j’écris ce récit, 6 jours après le vol, Le médecin m’appelle pour me dire que Mélanie vient juste de sortir de l’hôpital et qu’elle est en route vers son village. Je me souviens que le chirurgien avait indiqué que la chance de survie, compte tenu des difficultés, était de 20% environ. Parfois, une évacuation médicale signifie amener les médecins jusqu’au patient, pas le patient au médecin.

 – Récit de Joshua Plett, Pilote MAF à Madagascar –

 

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