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Violence En Ville
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L’avion de la MAF au Sud Soudan évacue 20 jeunes filles pour l’organisation Confident Children Out of Conflict (CCC) d’une ville touchée par une extrême violence.

Pendant deux jours, j’ai entendu des histoires troublantes au sujet de la violence dans une ville proche de la route, à seulement trois heures de Juba. Les gens parlent d’attaques brutales au cours de la nuit. Bien que des détails ne sont pas souvent donnés. De plus, le réseau de téléphonie dans la ville fonctionne mal et les informations qui parviennent sont très parcellaires.

Un orphelinat indispensable

Il se fait tard et la chaleur de la journée m’assoupissent. Alors que je me prépare à renter, je suis abordé par Cathy, la directrice d’un orphelinat local. Celui-ci est géré par l’organisation Confident Children Out of Conflict (CCC). En quelques années, CCC est passé d’un petit centre de soins à un orphelinat importante. Maintenant il accueille plus de 50 jeunes filles et quelques garçons vulnérables. Ainsi, c’est devenu le premier centre d’accueil pour l’UNICEF pour la prise en charge des mineurs. La MAF a une longue histoire avec l’orphelinat. En effet, elle offre des vols gratuits aux enfants nécessitant un traitement médical spécialisé au Kenya ou en Ouganda. De plus, ces dernières années, les familles de la MAF ont passé du temps à l’orphelinat pour jouer avec les filles et les encourager dans leur éducation.

La violence et la peur

Cathy travaille sans relâche auprès des enfants des rues de Juba. Elle a été témoin de situations horribles, mais elle maintient toujours un réel d’espoir. Ce soir, cependant, elle est différente. Elle a l’air très inquiète. Nous nous asseyons, et elle me raconte l’histoire :

« Je suis vraiment préoccupée par les filles que nous avons envoyées dans cette ville » me dit-elle. « Cet endroit est vraiment dangereux, à cause de la violence, ce n’est pas un endroit sûr ».

Il se trouve que la CCC avait envoyé environ vingt filles de Juba pour vivre dans cette ville voisine. Une organisation partenaire, IRIS ministries, a hébergé les filles et veillé à ce qu’elles accèdent à une bonne éducation. Pendant des mois, cet arrangement a bien fonctionné, mais avec la violence actuelle, le risque pour les filles a considérablement augmenté.

Avec l’insécurité des routes hors de la ville, celle-ci est effectivement coupée du monde extérieur. À l’heure actuelle le seul moyen sûr pour entrer et sortir de la ville, est la voie aérienne.

L’avion pour éviter la violence

« Nous avons besoin que ces filles reviennent ici à Juba », poursuit Cathy. « Nous ne disposons pas vraiment de place pour eux, mais c’est déjà mieux que de risquer une attaque. Et pour une fois je peux payer pour le vol. J’ai un peu d’argent de l’UNICEF. Il est pour un autre projet, mais cela est une situation d’urgence ».

Avec la flambée de violence qui a eu lieu en Juillet, la plupart des avions et des pilotes de la MAF ont été relocalisés temporairement au Kenya. C’est donc avec un personnel très réduit que l’équipe de la MAF au Sud-Soudan ne peut utiliser qu’un seul avion. Parfois la base de la MAF en Ouganda vient en soutien avec ses avions. Je sais que nous avons un long vol à réaliser pour Medair, le lendemain. L’avion est déjà chargé, et il se rendra au nord du Soudan du Sud, un aller-retour de six heures. Essayer d’évacuer les filles le même jour sera un défi. Mais je sais que nous devons essayer.

Doubler les vols en cas d’urgence

Il est déjà tard et je me rends auprès du pilote pour lui expliquer la situation.

« Ça va être serré », me dit-il, « mais je pense que nous pouvons faire deux vols pour les faire sortir de là ».

Le lendemain matin, nous quittons la base MAF aux premières lueurs de l’aube. Tout au long de la journée, nous gardons un œil sur la pendule. Mais la plus grande préoccupation lors de l’évacuation est la sécurité. Sans réseau téléphonique en ville, il est très difficile d’avoir une idée précise du niveau de danger sur la piste elle-même. Cathy tente de joindre des personnes en ville, en utilisant le réseau internet. Quant à nous, nous contactons le contrôle aérien de l’aéroport de Juba pour savoir si d’autres opérateurs volent vers cette ville.

Nous avons besoin de réaliser deux vols pour amener toutes les filles en sécurité. Les horaires sont très serrés. De plus, nous ne disposons pas d’un partenaire sur le terrain pour préparer l’embarquement des passagers.

Un créneau horaire réduit

Nous recueillons toutes les informations que nous pouvons, et décidons d’y aller. Mais un avion vient d’atterrir – le président du Kenya fait une visite d’Etat – et tous les vols arrivant sont en attente. Au-dessus de nous, le pilote de la MAF tourne dans le ciel avec d’autres avions.

Enfin autorisé à atterrir, l’avion rejoint rapidement l’aire de stationnement. Le ravitailleur commence son travail et l’équipe d’expédition s’active pour préparer le vol. Je donne au pilote un soda frais et nous partageons les dernières informations. Heureusement, le pilote est très expérimenté et est prêt à tenter le vol même avec des informations limitées. Mary, de la CCC, monte à bord pour accompagner les filles orphelines qui sont mineures. Quelques minutes plus tard l’avion est en vol.

Une longue attente 

Nous surveillons le ciel et la piste, et tout à coup, l’avion apparaît. Quelques instants plus tard, il a atterri avec le premier groupe de filles évacuées. Nous travaillons avec un effort renouvelé pour préparer le prochain voyage aller-retour. J’en profite pour annoncer à Cathy que, suite à l’information faite par Email sur cette opération, un donateur s’est proposé pour financer ces deux vols.

L’avion repart pour chercher le second groupe de filles. Le réseau téléphonique est maintenant coupé avec cette ville en proie à la violence. Il n’y a donc aucun moyen de savoir ce qui se passe.

Debout à l’ombre de l’aile d’un avion, nous scrutons à nouveau le ciel. « Il est là ! » s’écrie quelqu’un, et nous voyons comme un petit point noir prendre rapidement la forme d’un avion.

L’accueil du premier groupe de filles était amusant à voir. Cette fois-ci, c’est encore mieux parce que nous n’avons plus à attendre. C’est un mélange d’enthousiasme et de soulagement qui se lit sur le visage des filles.

Il n’y a absolument aucun doute que la CCC fait un travail incroyable pour redonner de l’espoir dans la vie de certains de filles et de garçons, les plus vulnérables du Soudan du Sud. Pour le personnel de la MAF c’est un privilège de jouer un rôle en apportant la sécurité à ces enfants.

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