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Double Urgence Médicale
Double Urgence Médicale

Pour sa première sortie comme chargée de la communication de MAF Madagascar, Jocelyn Plett est partie avec son mari Josh, pilote, pour un vol à destination d’Ankavandra. Il y avait eu un appel de la communauté locale pour venir en urgence en aide à deux jeunes femmes en difficulté. Voici son récit:

« C’était ma première sortie en avion avec la caméra en main. J’étais un peu inquiète, je me demandais ce qui nous attendait à l’arrivée. L’appel nous avait indiqué qu’une des deux femmes avait un travail d’accouchement difficile. Mon Dieu! Je sais ce que c’est que d’avoir des difficultés de travail et avec ma propre expérience en tête, je n’étais pas trop enthousiaste à l’idée de me trouver dans un petit avion avec quelqu’un qui avait ce genre de problème. Pourtant, mes complications d’accouchement avaient été traités dans une salle d’hôpital confortablement climatisée, en toute confiance dans la capacité du personnel médical pour m’aider à surmonter les difficultés. La dame que nous allions voir ne bénéficiait pas d’un environnement aussi luxueux. Franchement, je frissonnais à la simple idée de commencer un accouchement par plus de 40°C, que je savais être la température moyenne d’Ankavandra à cette période de l’année.

« Lors de son vol matinal à Toamasina, à mi-chemin, mon mari Josh avait reçu un appel en urgence de la Radio Evangélique Fiainana pour une double évacuation sanitaire. Mampionona, une jeune femme enceinte âgée de 15 ans, avait des difficultés de travail. Lors d’une visite au même endroit par les médecins de MMS, Madagascar Medical Safari, une deuxième patiente, Dera, également âgée de 15 ans, avait été identifiée comme ayant besoin d’une intervention chirurgicale afin d’extraire un kyste situé entre la vessie et le vagin qui l’affaiblissait et affectait sa capacité urinaire.

« De retour juste après midi au hangar MAF de la capitale Antananarivo (familièrement Tana) pour déposer les passagers du vol du matin, Josh, avec un panier repas, fit demi-tour et nous sommes repartis pour aller chercher ces femmes en détresse.

Ankavandra se trouve à l’ouest de la capitale Antananarivo, immédiatement après le bord d’un haut plateau sur lequel reposent paisiblement les villes centrales du pays. Nous nous sommes approchés du bord extérieur du plateau et avons dépassé l’endroit où le sol chute brusquement. J’ai remarqué combien les couleurs du sol changent depuis des verts tendres jusqu’à des marrons foncés, ce qui montre combien la chaleur fait cuire l’essentiel de la végétation, à l’exception de ce qui pousse le long de la rivière Manambolo près de laquelle se trouve la piste d’atterrissage. La ville d’Ankavandra est située sur le côté opposé de la rivière.

« Pendant l’atterrissage, Josh me dit que les femmes mettraient plus de temps pour aller de la ville à la piste d’atterrissage qu’il ne nous en avait fallu pour arriver au même endroit par avion à partir de Tana. Cela nous a pris presque une heure. Je regardais autour de moi comme nous faisions des cercles vers ce qui ressemble moins à une piste d’atterrissage qu’à un bout de champ ordinaire avec des traces erratiques de brûlures ici et là. Josh murmura quelque chose à propos du besoin d’avoir une piste mieux dégagée, mais il réussit cependant à faire un atterrissage en douceur. Comme nous roulions vers le petit groupe de personnes qui attendaient, d’autres villageois émergeaient de la bordure de broussailles qui entouraient la piste, venant probablement du petit groupe de huttes en herbe que j’avais vu parsemer le paysage.

Une visite de MAF à cet endroit n’est pas un événement exceptionnel. Les équipes de MMS fréquentent cette région et notre propre église à Tana, Tana City Church (TCC) a commencé à y établir une base. Josh m’a montré leur site de construction lorsque nous avons fait notre approche. C’est sans aucun doute grâce à la présence accrue de MAF ici que les femmes et leurs familles savaient qu’elles pouvaient appeler nous appeler s’il y avait une urgence, afin de les aider à rejoindre la capitale pour bénéficier de meilleurs soins médicaux. Ou plutôt bénéficier de soins médicaux tout court. Pendant que Josh chargeait les patientes il a demandé autour de lui l’assistance d’une personne pour accompagner la femme qui devait accoucher. Il n’y avait personne.

« Finalement, sept passagers, y compris les deux patientes, ont été embarqués malgré quelques difficultés de langage. Josh doit vraiment travailler ses leçons de malgache car le groupe ne parlait pas français ».

« Mampionana a été allongée sur le brancard de l’avion sur le côté de la cabine, bien attachée à côté de son compagnon et en face de trois amis et parents assis sur les sièges arrières. Dera était assise au premier rang. Tout le monde était stoïque et calme. Mes inquiétudes précédentes à propos de son expression de la souffrance étaient totalement infondées.

« ‘Les malgaches semblent avoir une grande capacité pour supporter beaucoup de peine, m’a expliqué Josh quand je lui ai demandé s’il avait jamais transporté des patients évacués exprimant vocalement leurs souffrance. Je suppose que sans accès au soins médicaux, il est nécessaire d’apprendre à gérer la souffrance physique. Rétrospectivement, je voyais sous un nouveau jour mes propres expériences d’accouchement et de complications très pénibles ».

« À notre arrivée au hangar, la camionnette de la MAF avait était envoyée pour la femme qui souffrait d’un kyste dans son ventre. Elle a descendu les quelques marches de l’avion avec précaution et marché jusqu’à la camionnette pour monter dedans, avec l’amie qui l’accompagnait, avec juste un petit sac pour toutes les deux ».

« L’ambulance pour l’autre patiente est arrivée plus tard. Elle a été descendue avec précaution de l’avion et du brancard gonflable orange vif de MAF et posée sur un brancard de l’ambulance, conduite à l’intérieur du véhicule. Une fois que ses compagnons, leurs quelques effets personnels et les grands sacs de riz emportés de chez eux ont été chargés, ils sont partis à l’hôpital ».

« J’ai appris plus tard que le bébé de Mampionana était mort in utero deux jours plus tôt, et que cependant elle avait était incapable d’accoucher du corps du bébé. Le bébé avait été trop gros pour qu’elle lui donne naissance et elle n’avait pas accès à des ressources médicales pour l’assister dans sa détresse. Le bébé mourut pendant l’accouchement, et cependant le petit corps était toujours trop grand pour un accouchement naturel. C’était son premier enfant.

Pour ces deux patientes, les deux heures de vol avec MAF depuis leur village dépourvu de soins médicaux jusqu’à la capitale où elles obtiendraient l’aide d’urgence dont elles avaient besoin a eu un impact décisif sur leurs vies. Je continue de m’émerveiller en pensant à la capacité du peuple malgache, vivant dans des zones aussi isolées, pour supporter la douleur physique. »

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